Holubice (La Colombe blanche)
Réalisé par František Vláčil
Image : Jan Čuřík
Musique : Zdeněk Liška
Production : Filmové studio Barrandov
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Année de production 1959/Première 4 novembre 1960.
Le film



Quelque part au nord de la Belgique, on envoie des pigeons voyageurs chargés de délivrer de précieux messages à des destinataires impatients de les recevoir. Parmi eux Susanne, douze ans, attend sur son île de la mer Baltique un oiseau blanc qui n’est pas avec le reste du groupe. Lors d’une tempête, l’oiseau s’est perdu et a volé jusqu’à Prague. Fatigué par le voyage, il s’arrête un instant sur le rebord d’une fenêtre où il croise le regard du peintre Martin. Mais bientôt, il est abattu avec une carabine à air comprimé par Michal, un enfant paralysé et solitaire. Comprenant son erreur, Michal porte l’oiseau blessé à Martin, avec l’espoir qu’il vive encore. Pendant ce temps, Susanne, toujours sans nouvelles, se met à dépérir…
Avec Holubice, František Vláčil réalise son premier long-métrage. Diplômé d’histoire de l’art et d’esthétique à l’Université Masaryk à Brno, il est arrivé au cinéma par le studio de films de vulgarisation scientifique et pédagogique de Brno (Studio populárně vědeckých a naučných filmů) où il est employé à partir de 1947, avant de rejoindre en 1951 le studio de l’armée tchécoslovaque. Il est ensuite transféré à Barrandov en tant que technicien réalisateur, fait rare, sans avoir suivi le cursus de l’Académie du film (FAMU). Ses court-métrages portant déjà la trace d’un regard singulier, et alors que la direction du studio envisage de diversifier les productions, il réalise donc en 1959 Holubice dont il co-écrit le scénario d’après une idée d’Otakar Kirchner. Jan Čuřík que Vláčil a rencontré au studio de l’armée tchécoslovaque est le chef opérateur du film, assisté par Jan Němeček et Miroslav Ondříček qui deviendra le directeur de la photographie de Miloš Forman. Le film contient déjà les spécificités de l’image de Vláčil : une construction de plan parfaite, des angles de prise de vue audacieux, mais surtout une stylisation qui neutralise tout effet de réalisme forcé pour aller vers une représentation poétique du réel. A partir d’un récit simple qui a tous les aspects d’un conte, Vláčil imagine une rencontre possible entre les peuples sous le signe de l’empathie et de l’effort mutuel pour apaiser les peines et les souffrances.
Propos choisis de František Vláčil


Quand j’ai tourné Holubice, je pensais avant tout à sa portée internationale. C’est pourquoi j’ai misé sur les qualités les plus naturelles du film – son langage visuel… Je voulais susciter l’émotion même chez les personnes endurcies par les thèses et les grandes phrases, ceux qui ont besoin qu’on leur dise certaines choses d’une manière nouvelle et singulière. C’est la raison pour laquelle le dialogue joue un rôle si réduit dans le film, et que les moyens visuels prédominent.
Cité in Šárka Horáková, Podobenství o Františku Vláčilovi, Praha, XJZ, 2008, pp. 77-78 [Je traduis]


J’ai essayé d’exprimer et de souligner la différence d’environnement [entre le personnage de Susanne et celui de Michal] en distinguant les deux mondes par la composition. Le monde du garçon est limité. Il n’a qu’un petit bout de ciel au-dessus de sa tête. Il s’est isolé de la société. Il pense qu’elle ne peut que lui faire du mal. […] Le monde de Suzanne est horizontal. C’est un monde plein de mer et de soleil, complètement libre, sans frontière. […] Ce système vertical et horizontal devenait ainsi une façon d’exprimer l’idée et le contenu du scénario.
Cité in Milan Hanuš, Podoby Františka Vláčila, Praha, Československý filmový Ústav, 1984, pp. 9-10 [Je traduis]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Garance Fromont (15 mars 2024). Holubice (La Colombe blanche). Ikarie. Consulté le 21 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w10k